Nolt n'était pas du genre à sortir des schémas tactiques qu'il s'imposait à lui-même. Bien entendu, un Astartes avait l'obéissance dans le sang, la discipline chevillée au corps, mais le Son of Medusa était d'un tempérament particulier.
En permanence lié à ses cogitators, il avait fait de sa capacité à analyser et recouper les données constamment une force autant qu'une faiblesse. Ses prouesses martiales après une terrible guerre d'usure contre les pirates Eldars étaient la raison officielle de sa sélection pour la Deathwatch ; le fait que son propre chapitre éprouvait des difficultés avec sa façon de raisonner terriblement unilatérale, même pour des héritiers de Ferrus Manus, ne figurait en revanche pas sur ses états de service. C'était pourtant tout aussi vrai.
Au sein de l'équipe du capitaine Wulfric, il avait été obligé de composer, d'accepter des décisions à la logique lui semblant purement et simplement douteuse, et de mettre en pratique des tactiques qu'il n'aurait jamais imaginées comme viables.
Le plus frustrant pour lui était qu'elles avaient systématiquement fonctionné.
Pourtant, en ce terrible instant, alors que l'ennemi sabotait leur vaisseau et risquait une nouvelle fois de tout compromettre, y compris leur existence, sa froide capacité analytique aller s'avérer particulièrement douteuse.
***
"Comment donc sommes nous censés vaincre ceux qui firent de cette galaxie leur fief ?!" s'était un jour exclamé un des camarades d'Azador. "Ils massacrent plus efficacement que les damnés descendants d'Angron le mille fois damné ; ils sont plus imprévisibles que les Eldars ; leur puissance de feu et leur technologie au sens large nous relèguent au rang de primates sous évolués. A chaque fois que nous en apprenons un peu plus sur eux, ce n'est que pour apprendre de nouvelles horreurs impossibles à contrer ! Comment, Azador ?! Comment l'humanité peut-elle faire face, elle qui a déjà tant d'ennemis ?!"
A l'époque, l'interrogateur s'était contenté de sourire. Il avait répondu comme si tout cela n'avait pas d'importance : "On ne le peut pas, mon ami. Mais essayons quand-même."
Cela résumait bien la plus large part de la personnalité d'Azador : c'était un emmerdeur.
A bien des reprises, il avait tout fait pour compliquer la tâches à ses ennemis alors qu'il se savait condamné, uniquement pour avoir la satisfaction d'un peu plus les contrarier, leur faire gaspiller du temps, ou même les plus infimes resources. "La balle qui me tuera sera une balle en moins que l'ennemi pourra utiliser contre les miens." s'était-il un jour exclamé. Peut-être était-ce par chance, mais il avait toujours trouvé le moyen de se sortir des situations qui auraient dû le voir périr.
Alors qu'il s'escrimait contre le cogitator d'urgence situé dans la pièce de détention, il avait sur les yeux un air froid et détaché qui trahissait son extrême concentration. Il n'avait généralement cet air là que lorsqu'il jouait au Régicide. Lorsqu'il était en train de perdre.
Drusille lui avait hurlé de la détacher et de lui donner une arme. Il l'avait assomée. Il lui fallait rester le plus concentré possible avant de mettre en oeuvre sa tactique. Il n'avait pas le temps de faire dans la dentelle.
Il ne répondait pas aux demandes de communications du capitaine Wulfric qui s'était rué vers la zone de confinement du caisson après avoir constaté le massacre des officiers du pont. Il était persuadé que les Nécrons les intercepteraient sans difficulté ; pire, il savait qu'ils n'auraient aucun mal à les comprendre. La dynastie à laquelle ils faisaient face combattait les humains depuis plus d'une décennie maintenant. Même si le monde qu'ils avaient éveillé n'avait jamais quitté sa torpeur multimillénaire, il était prêt à parier qu'ils avaient reçus des données de leurs mondes voisins. Azador ne courrait donc pas le risque de laisser échapper le moindre mot.
Il entendit Drusille grogner et pousser un faible juron.
Il ne put réprimer un sourire sincèrement attendrit en la voyant toujours aussi solidement liée à la chaise, le nez en sang. Elle aurait dû rester inconsciente une heure de plus selon lui. "Cette bougresse est vraiment forte !", dit-il en lui-même.
Il la quitta des yeux et se dirigea vers la porte.
- Le preux capitaine quitte le navire ? demanda-t-elle avec mépris. Je suppose que tu comptes sur nos invités pour m'achever. Te salir les mains n'a jamais été dans ta nature d'arriviste.
- Tu es pieds et poings liés dans une pièce sans aucun intérêt stratégique à court ou long terme. Même armée et libre, tu ne serais qu'une quantité négligeable pour des adversaires comme eux. Impuissante dans cet endroit tu es plus en sécurité que n'importe où ailleurs.
- Ben voyons, dit-elle en crachant un petit filet de sang et de salive, je te dois donc des remerciements ? Tellement typique de toi... Tu es toujours parvenu à faire passer tes actes pour ceux d'un saint. C'est exactement comme a Meltra Primus.
- Ha... Oui... Meltra Primus... Je t'avais manqué de peu ce jour-là. Mais c'est sans importance. Tu m'excusera mais j'ai une escouade de la Deathwatch qui a désespérément besoin de mon aide.
- Misérable petit ver de terre, cracha-t-elle avec hargne, quand je serais hors d'ici je te...
Elle n'eut jamais la possibilité de terminer sa phrase. La botte d'Azador était venue percuter sa tempe avec une fulgurance qui aurait été difficile à soupçonner de la part d'un homme d'apparence si banal.
Il s'approcha d'elle et palpa sn crâne, constatant avec satisfaction qu'il n'y avait pas de fracture, ni même de sang. Il avait frappé avec le morceau supérieur en cuir et non avec le renfort métallique, dans une parfaite maîtrise.
- Cette fois-ci tu vas faire une longue sieste, je te le garantie, dit-il en souriant, la voix douce comme s'il s'adressait à une enfant. Rêves donc de ton amant perdu et prend le peu de repos auquel tu auras droit avant d'être chez mon enfoiré de patron. Et pardonne la brutalité de mon acte. Il était démesuré, cela t'a probablement surprise, vu mon tempérament calme. Mais voila, j'ai beau faire, je n'y peux rien : je te déteste.
Azador quitta la pièce, en même temps que le sourire quittait son visage. Son arme à onde PME était recharchée, son champ de force actif, et son plan calculé au mieux par rapport aux circonstances. Une petite voix insidieuse murmura en lui "ce ne sera jamais suffisant". C'est avec le retour d'un sourire, totalement dépourvu d'humour cette-fois, qu'il murmura pour lui-même : "Essayons quand-même."
***
Wulfric et Sandro courraient dans les couloirs, prêts à ouvrir le feu ou foncer au corps à corps à la moindre menace. De ce qu'ils en savaient, l'ennemi pouvait jaillir au détour du moindre couloir, ou même directement d'un mur ou du plafond. Les prouesses techniques ou dimensionnelles de ces damnés xenos étaient une plaie au moins égale aux abominations du Maleficarum. A la fois plus bénignes car vierges de toute corruption liée au Warp, et pourtant bien pires, car absolument impossibles à détecter.
- Aucune nouvelle de Nolt ? demanda Sandro en jetant un énième coup d’œil derrière eux sans pour autant ralentir la cadence d'un iota.
- Rien du tout, pesta Wulfric. Il a coupé les communications. A quoi pense-t-il bon sang ?!
- Aucune idée, mais il faut envoyer un membre d'équipage activer les balises psychiques de détresses. Sans cela nous sommes prisonniers de notre propre vaisseau !
- Et ainsi envoyer une invitation à la flotte de l'Archimagos au grand complet après le mal que nous avons eu à nous débarrasser de ces emmerdeurs ? Certainement pas ! Nous pouvons gérer cela tant que le Navigator reste en vie. Il ne sont que neuf bon sang !
- Ce n'est pas leur nombre le problème...
- Je sais. dit Wulfric pour mettre fin à la conversation.
Les alarmes continuaient de résonner dans les couloirs, les lumières rouges relayant l'alerte sur le plan visuel toujours actives et conférant un aspect oppressant à la situation. Une voix automatique et au timbre dépourvu d'âme vint s'ajouter au tumulte des bruits sourds d'avertissement.
+++ Attention. Système de défense interne : hors service. Réinitialisation : impossible. Veuillez contactez un Techno-adepte ou tout membre agréé du Mechanicum. Sécurité compromise. Attention. Système de défense interne...+++- Qu'est-ce qui se passe enfin ?! vociféra le Space Wolf. Ces commandes ne peuvent être désactivées que depuis la capitainerie ! Les voyants d'alerte de mon armure n'indiquent rien d'hostile là-ba !
- Moi non plus, dit Sandro d'un ton froid et analytique qui ne lui ressemblait pas. En revanche...
- Quoi ?
- Ambrosius, Ryanor, Gregor, vous êtes toujours sur place ?
-
Affirmatif. répondirent-ils tous avec calme.
Aucune présence hostile à signaler. Nos voyants n'indiquent rien.- Vous avez accès à un cogitator qui peut relayer en détail ce qui se passe sur la passerelle de commandement ?
-
Je peux avoir accès aux caméras, oui. répondit sobrement Ryanor.
Mais rien n'indique...- Fais alors, frère, j'ai un mauvais pressentiment.
Le fils de Corax n'essaya pas d'argumenter et s'exécuta immédiatement. Cela ne lui prit que quelques secondes.
-
Connection établie. Cela n'a pas bougé depuis tout à l'heure : des dizaines de cadavres... Il n'y a... Que...- Frère ?
-
Nolte est là. Il a entré ses codes d'identifications. C'est lui qui a désactivé les armes automatisées des cloisons intérieures.Tous restèrent silencieux.
- Restez sur place pour défendre le caisson. Je vais aller me charger de ça moi-même.
-
Capitaine, intervint Ryanor,
le Codex Astartes prévoit quoi faire en pareille situation. Partir seul, c'est donner à l'ennemi ce qu'il veut. Nous diviser pour mieux nous avoir un par un. C'est une tactique de guérilla extrêmement banale. Vous devez partir avec Sandro. Nous sommes bien assez de trois ici. J'ignore ce que Nolt est en train de faire, mais même en envisageant tous les pires scénarios possibles ce n'est une bonne idée de partir seul dans aucun d'entre eux.- La question ne se pose même pas, intervint Sandro en privant son capitaine de toute chance de réponse. Je continues à l'accompagner. La puissance de feu des hostiles est trop importante pour prendre le risque de perdre notre commandant.
+++Champs de confinement activés aux secteur des hangars. Navettes de confinement et d'évacuations inaccessibles.+++Syrak Lyanker était né dans la sous-ruche d'un monde quelconque qui ne valait guère que l'on s'en préoccupe. En tant que très jeune membre de gang, ses capacités à bricoler tout et n'importe quoi lui avaient permis de survivre plus longtemps que la moyenne, simplement car il n'avait jamais été envoyé au combat. Lors d'une énième émeute de la faim, les Forces de Défense Planétaires avaient été envoyées afin de pacifier la révolte grondante. Le hasard avait voulu qu'un technoprêtre chargé d'entretenir le matériel militaire tombe sur lui. Il avait été étonné par la facture inhabituelle de l'arme de Syrak et il l'avait interrogé sur sa conception après l'avoir capturé. Celui-ci lui avait expliqué avoir rafistolé un fusil laser standard de la Garde Impériale avec quelques pièces de récupérations. Il l'avait démonté puis remonté, décrassé, huilé, avec une ignorance des rites de prière à l'esprit du Dieu-Machine confinant presque à la techno-hérésie. Et pourtant l'arme marchait à la perfection. Le technoprêtre avait sentit un potentiel chez l'enfant.
Les choses s'étaient enchainées naturellement. Des études, des passages rituels, l'acquisition de connaissances, la visée de l'excellence. Avoir été choisi pour la gestion des moteurs d'un vaisseau appartenant à l'Inquisition était la preuve de deux choses : son niveau d'expertise était incontestable ; et il avait contrarié quelqu'un.
A présent entouré de lumières d'alertes et d'adeptes inférieurs en panique tentant de verrouiller au maximum l'accès à leur zone, il tentait d'organiser une défense solide en gérant le peu de skitarii qu'il avait sous ses ordres pour sa protection rapprochée.
- Apportez ces caisses aux coordonnées indiquées sur votre tablette, par les Mânes de... Mais non ! Laissez moi faire !
Le Magos poussa un soupir exaspéré. La peur ne quittait pas les membres du Mechanicum aussi aisément que leur chair était remplacée. Et la peur faisait commettre des erreurs.
- Magos Lyanker ?
Syrak se retourna vivement en entendant son nom prononcé par une voix qu'il ne connaissait pas. C'était un humain... Haut gradé, jugea-t-il en analysant immédiatement son attitude.
- Nous sommes en situation de crise. Déclinez grade et identité immédiatement.
La cohue autour d'eux ne s'était pas ralentie le moins du monde, mais les dix skitarii avaient immédiatement érigé un mur de fusils en direction de l'intrus.
- Interrogateur Azador, chef de mission ponctuel.
- Comment êtes-vous entré ici ?
- L'escalier.
Syrak eut du mal à assimiler cette information : elle était dépourvue de tout sens. Il lui fallut plusieurs secondes pour comprendre qu'il s'agissait d'une tentative d'humour.
- Trêve de bavardages, continua l'interrogateur. J'ai une demande singulière et nous n'avons guère le temps. Je n'ai qu'une seule question : à quel point pouvez vous surcharger ceci ?
Le Magos ne reconnu pas plus l'objet que sa fonction. C'était l'arme à PME d'Azador.
- Alimentation ? demanda simplement celui-ci d'un air perplexe que ses nombreux tatouages et ajouts mécaniques ne purent cacher.
- Électrique, répondit Azador perplexe.
Le Magos soupira. Cela allait être long.
***
- Nolt ! Réponds ou je te jures qu'à la seconde où je te vois je tire sans demander !
La fureur du fils de Russ mettait Sandro mal à l'aise. Le Son of Medusa leur avait parlé et révélé le plan Nécron quelques minutes à peine plus tôt. Quel intérêt aurait-il eut à la trahir à cet instant précis. Cela n'avait aucun sens.
Ils passèrent devant la chambre à interrogatoire improvisée, constatant d'un simple coup d’œil à l'écran affichant l'intérieur de la pièce que la captive était inconsciente. Ils ne s'en préoccupèrent pas. Ils avaient autre chose à gérer en cet instant.
- La passerelle de commandement est à quelques centaines de mètre maintenant ! Il nous faut...
La voix de Sandro s'était tue, comme s'il s'était arrêté de parler de son propre chef. Il n'y avait pas eut de cri de surpris, par de gémissement de douleur... Mais le son de son armure percutant lourdement le sol fut une alerte immédiate pour le Space Wolf qui se retourna et tira immédiatement de Bolter à combi-fuseur. Il avait visé loin au dessus du niveau du sol pour être certain de ne pas toucher son frère d'arme. Le fait que son tir ait fait mouche fut un pur coup de chance.
Le Traqueur Nécron s'écroula, les deux tiers du torse réduits en une flaque informe de métal fondue qui ne put se reformer.
Sans réfléchir, mût par des mouvements-réflexes acquis avec des siècles d'expérience, il bondit en arrière et se plaqua contre un mur en s'emparant de sa hache du même coup. Cela ne le protégea pas du tir qui arriva de derrière, percutant son pack dorsal. La décharge d'énergie fut violente malgré le fait que le fusil Nécron n'était pas fait pour endommager des armures ou de la chair.
le tir de réplique ne se fit pas attendre, mais Wulfric fut trop
lent. Et Sandro ne se relevait pas.
Cinq décharges de lumières vinrent le percuter alors qu'il restait en permanence en mouvement, utilisant le plat de sa hache comme un bouclier. Forcé de défendre sa tête nue qui constituait une faiblesse horriblement handicapante, il était obligé de hacher ou tirer de façon imprécise et ses adversaires ne lui laissaient aucun répit. Ils étaient des assassins, Wulfric pouvait le sentir.
- La zone du caisson subit une attaque mineure, capitaine ! Nous en comptons trois plus une unité de type Cryptek...
- Tenez la zone ! Fut tout ce que Wulfric put répondre, abattant sa hache avec une vivacité enragée, en percutant un plus lent que les autres à l'épaule, pour voir ses dommages se refermer immédiatement.
Vidant le chargeur de son arme combinée dans le torse de son adversaire endommagé, il l'envoya valser par dessus ses homologues. Deux décharges de plus percutèrent son torse et l'articulation de son genou droit. Il n'en avait plus pour longtemps...
***
Nolt pianotait avec une virtuosité et une délicatesse pour le moins surprenantes, eu égard à la taille de ses doigts gantés de céramite.
Seul dans la salle avec les cadavres pour seule compagnie, il se contentait de suivre le plan. Rien d'autre ne comptait.
Il ne captait plus aucune communication extérieure car il avait coupé le Comvox de son casque. Il ne fallait pas qu'il soit dérangé.
Tout allait se jouer en quelques secondes. Sans une trace décelable de nervosité dans son geste, il finit par appuyer sur le bouton de commande générale.
L'ombre fugace d'un sourire se dessina un instant sur son visage habituellement figé comme un masque de fer. Mais personne n'était là pour le voir.
***
Wulfric était malmené de toute part. Deux autres de ses adversaires s'étaient écroulés sous ses coups, mais ses forces déclinaient alors qu'augmentait la douleur et une certaine acceptation de l'idée qu'il ne s'en sortirait pas. Sandro ne s'était pas relevé, et pour autant qu'il ait pu en juger, Wulfric ignorait s'il était mort. Le fait de l'avoir eu à sa suite lui avait sans doute évité de subir les multiples décharges qui avaient projetées le Blood Angel à terre si soudainement.
Un coup vertical trancha net le canon de l'arme d'un traqueur qui s'approcha alors de lui et appuya malgré tout sur la gâchette de son fusil détruit. La décharge d'énergie qui le quitta partit alors de façon erratique et une décharge énergétique explosa, arracha au Nécron ses propres bras tandis que Wulfric était soufflé à plusieurs mètres. Il fut médusé en voyant les deux membres arrachés se reformer et voler vers leur propriétaire comme deux pantins retournant vers leur marionnettiste.
Il se releva et arma un coup. Deux tirs de plus le percutèrent au torse, et il dû mettre un genoux à terre.
Il était miraculeux qu'il n'ait pas été touché une seule fois à la tête tant ces salopards étaient précis.
Il ne parvint pas à se relever et les trois assassins mécaniques s'avancèrent tout en restant hors de portée de frappe. Ils avaient bien analysés sa technique.
Lorsqu'ils pointèrent leurs armes droit sur sa tête, il se rendit compte qu'il essayait de bouger sans y parvenir. Son armure endommagée lui pesait ; ses muscles ne répondaient plus ; les messages relayés par ses synapses étaient perturbés et ne parvenaient plus correctement à ses membres. Ils n'étaient pas arrivés à le tuer, mais incontestablement, ils l'avaient vaincus.
Alors le hurlement retentit.
***
Azador avait eu du mal à se dépêtrer de cette conversation avec le Magos, mais il était parvenu à convertir son arme en véritable bombe à retardement. Si son cœur devait s'arrêter de battre, une onde de choc à PME balayerait le vaisseau sur une bonne centaine de mètres. Ayant bien analysé la façon de faire de ces assassins métalliques, il était persuadé d'emporter les deux tiers de l'escouade avec lui. Cela donnerait la victoire aux Marines, qui pourraient bénéficier de l'avantage du nombre de façon bien plus aisée. De plus, il allait peut-être devoir s'en servir contre Nolt. Personne ne savait ce que préparait le Son of Medusa, et il ne répondait toujours à aucun appel.
Au détour d'un couloir, il entendit des sons caractéristiques de bataille, reconnaissant la voix de Wulfric. Il courut dans cette direction sans réfléchir. Les deux skitarii que le Magos lui avaient prêté le suivant de près.
Lorsqu'il vit Wulfric, il ne put contenir un frisson : il était dans un état lamentable et jamais il n'avait eut l'air aussi vieux. Et il avait deux canons de fusils pointés sur sa tête.
L'interrogateur leva le bras a une vitesse qui le surpris lui-même, et pourtant il ne put anticiper ce qui arriva.
Sandro, étendu dans le couloir, se leva avec une brutalité proprement surnaturelle, hurlant si fort qu'Azador eut l'impression qu'on lui cisaillait les tympans. Les Trois traqueurs restants l'assaillirent immédiatement, celui dont l'arme était détruite se servant de la crosse comme d'une matraque.
Il prit deux tirs de plein fouet sans même chercher à éviter et subit un coup violent qui fendilla son armure endommagée. Il n'en fut même pas ralentit, alors que ces chocs successifs lui avaient sans doute détruits quelques côtes.
Une nouvelle salve le jeta à terre mais il se releva si vite, toujours en hurlant, qu'il parvint à prendre ses adversaires de vitesse. Son glaive énergétique fit un carnage, un spectacle dont Azador ne put jamais se souvenir avec précision tant les coups portés furent vifs. Les Nécrons furent démembrés, hachés, broyés, puis leurs membres tentant de s'autoréparer furent instantanément piétinés et tranchés par un Sandro hurlant toujours plus enragé.
Les corps métalliques finirent par disparaître, téléportés vers une Nécropole inconnue, preuve ultime que le Blood Angel avait terminé de le travail sur ceux présents ici de façon parfaitement définitive.
Il s'écroula ; du sang coula de ses temps, ainsi que de ses yeux, son nez et ses oreilles. Il avait l'air hagard.
Azador fut soulagé en voyant Wulfric se relever, et il se précipita à sa suite pour aller au chevet du digne fils de Sanguinius.
- Sacrée démonstration que tu nous as fait là, gamin, dit Wulfric d'une voix affaiblie mais assurée.
- Leman ? C'est toi ?!
L'interrogateur et le Space Wolf eurent le souffle coupé, comme s'ils avaient été projetés dans le vide.
- Russ ! Mon frère ! Toi ici ! Tu amènes des renforts, enfin ! Il faut se dépêcher, les boucliers autour de la Barge d'Horus ont été levés ! Nous n'avons plus beaucoup de temps ! Où sont Jaghataï et Rogal ? Leur présence est indispensable ! Tu as vu notre père ?
Wulfric ne répondit rien, pétrifié par l'état mental de son ami.
- Leman ? demanda innocemment, le visage ensanglanté. Est-ce que tout va bien ?
Le silence se fit dans le couloir, et tous les voyants d'alerte s'éteignirent en même temps que les alarmes se faisaient silencieuses. La lumière rouge fit place au halo blafard des lumiglobes réglementaires standards qui projetèrent sur le visage du Blood Angel une lueur divine, en même temps qu'il apparaissait clairement à tous ceux présent que son esprit était ravagé.