J'ai écrit cette nouvelle pour Mankizer et son projet de codex nécron alternatif. Toutefois, je ne voyais pas pourquoi ne pas en faire profiter tout le monde, et craignant qu'elle ne soit difficile à trouver parmi les commentaires, je me suis permis de supposer qu'un double post en lui donnant sa propre place dans la section récits serait toléré. Je signale également avoir prévu un autre début à cette histoire, donc si vous la trouvez mauvaise, n'hésitez pas à le signaler. Je la retravaillerais.
Merci d'avance et bonne lecture !
Tout autour d’eux résonnait le son des explosions et des décharges des armes énergétiques. Des hurlements aussi, bien entendu, mais qui s’en souciait ? Le Predator Annihilator était pourtant hermétiquement fermé et l’épaisseur de son blindage pratiquement au sommet de ce que fabriquait l’Imperium. Malgré tout, les sons leurs parvenaient, les laissant de marbre. Chacun d’eux était un vétéran habitué à ce son pourtant déchirant de frères tombant au combat. Les ennemis qui tombaient, eux, ne criaient pas. Et certains se relevaient.
- Descendez moi ce monolithe ! Hurla l’officier dans son com-vox.
Les Space Marines présents dans le tank ne répondirent pas. C’était inutile, leur antenne relais était partie en fumée depuis longtemps, leur interdisant toute communication vers l’extérieur. La seule façon qu’ils avaient de montrer qu’ils recevaient des ordres étaient de les exécuter immédiatement. Les Salamanders peinaient à renverser la bataille. Les monstres métalliques qu’ils affrontaient résistaient trop bien aux flammes de leurs armes habituellement employées pour éradiquer de larges hordes peu protégées. Plus écœurante encore était leur capacité à se relever après avoir été démembrés, perforés, ou même réduits en flaques de métal fondus. Pareille aberration ne méritait rien de moins que l’éradication. Les tourelles se tournèrent dans la direction du char antigrav monumental qui se tenait à plusieurs centaines de mètres de là. Les Space Marines n’avaient même pas besoin de regarder ce qu’ils faisaient, leurs gestes guidés par l’expérience de centaines d’années de guerre. L’endoctrinement, l’entrainement, leurs réflexes surdéveloppés, conjugués à cette terrifiante expérience… autant de facteurs que l’ennemis semblait ignorer avec une royale indifférence, se reposant sur l’avancée inexorable de ses soldats et la supériorité technologique de ses armes.
A l’intérieur du char, une lumière rouge reflétant plusieurs signaux d’alerte donnaient à l’atmosphère un aspect infernal. Les Salamanders n’y faisaient même pas attention. C’était une ambiance presque reposante comparée à celle de Nocturne, leur monde d’origine. Vulkan leur en était témoin, aucun de ses fils ne reculait malgré les pertes ahurissantes. Les voyants de surcharge indiquèrent que les canons lasers étaient prêts à libérer les charges d’énergies surchauffées. Une commande ; une pression ; un quadruple tir balancé avec la bénédiction de l’Empereur et la hargne haineuse de ses messagers. Des vapeurs de liquides de refroidissements surgirent au dehors du char alors que ses armes portées à la limite de la température de la fusion redevenaient rouges, puis noires comme le charbon. Déjà de nouvelles charges énergétiques étaient automatiquement positionnées, prêtes à alimenter les canons lasers pour une nouvelle décharge meurtrière. Dans le com-vox résonna un cri de joie lancé uniquement par les plus jeunes recrues. Le tir avait été efficace, et le monolithe s’effondrait pesamment, soulevant des montagnes de terre et de poussière carbonisées en renversant plusieurs guerriers au passage. L’équipage du char ne gaspilla pas une seconde à se réjouir de sa réussite, préférant rechercher une nouvelle cible immédiatement. « Seul l’imbécile prend le temps de saliver devant une proie » disait l’enseignement de Leman Russ. Relkan l’avait appris auprès d’un Space Wolf lorsqu’ils avaient servis ensembles au sein de la Deathwatch, et il avait tiré de ce partage de précieux enseignements. Sur le dos de la main de son gantelet était toujours gravé le symbole de la compagnie dudit Space Wolf, preuve du serment d’amitié qui les liait.
Soudain, une secousse, violente et ponctuée de signaux d’alerte bruyants. Un son de dépressurisation. L’impossibilité de manœuvrer. Un rapide bilan dressé par les servants d’armes postés à chaque tourelle. Le pilote exigeant des renforts sur place pour aider le char immobilisé. D’où était venu le tir, et de quel appareil, ils l’ignoraient. Les canons étaient encore fonctionnels, et tiraient de façon erratique, fauchant plusieurs ennemis qui passaient dans leur champ de vision. Et le temps passait, la ligne de front s’approchant de l’endroit où le char était immobilisé, carcasse fumante mais pas encore vaincue. Car les Salamanders reculaient…
- Où sont ces damnés Technoprêtres ?! hurla le commandant d’unité.
- Je vais soulager la peine de la machine ! répondit une voix paradoxalement aussi impétueuse qu’artificielle.
Il leur était impossible de savoir où était le membre du Mechanicum. Ni quand il était arrivé. Il était inutile de le savoir. Traquant avec célérité des signaux ennemis susceptibles de passer dans leurs arcs de tirs, Relkan regardait de temps en temps les voyants d’alerte passer du rouge au vert. Le contingent de Garde Impériale réquisitionné avait au moins eu le mérite d’apporter des éléments utiles. Une éternité angoissante passa avant que le blindé n’ait à nouveau la possibilité de bouger. L’Empereur leur avait accordé un statuquo lors de la bataille qui avait semblait-il duré assez longtemps. Puis vinrent les aéronefs, accompagnés d’un ordre de retraite général. Relkan jura bruyamment, intimant au technoprêtre de s’accrocher à quelque chose s’il voulait être évacué en même temps qu’eux. Ils n’obtinrent pas de réponse. Les rares caméras extérieures encore fonctionnelles envoyaient des images saturées de parasites, à travers lesquelles le membre du Mechanicum était visible. Il regardait dans la direction du tank sans esquiver un mouvement. Il était impossible de voir une quelconque expression sur son visage littéralement recouvert d’éléments métalliques et mécaniques. Ses yeux artificiels ne renvoyaient pas la moindre émotion. Pourtant tout indiquait qu’il semblait hésiter.
- Dépêche-toi, imbécile ! Monte !
Il se détourna et avança tout droit, en direction des ennemis. Relkan ne chercha pas à comprendre. Il fit manœuvrer son tank de façon à ce que celui-ci rejoigne la position de repli prédéterminée avant que la bataille ne commence. Velk, le servant de la première tourelle latérale, se risqua à signaler à son capitaine qu’ils avaient encore le temps de le chercher, de force si besoin.
- Je ne risquerai pas la vie de trois Marines et d’un char précieux pour le chapitre pour un adepte ayant perdu la raison. Que son Dieu-Machine le protège !
Tout était dit. Il était notoire que Relkan méprisait l’Omnimessie. Pour lui, une machine était un ensemble d’éléments fonctionnels. Un seul être méritait qu’on l’appelle Dieu, dans cet univers, et c’était l’Empereur. Souhaiter que le Dieu-Machine vienne en aide à cet adepte revenait de la part du capitaine à lui souhaiter d’aller crever sans délai. Ils furent secoués par un nouvel impact qui rendit toute possibilité de faire feu impossible pendant quelques secondes puis disparurent dans un nuage de fumée huileuse à l’odeur écœurante.
L’adepte avançait, au mépris des tirs et des déflagrations qui se faisaient de toute façon de moins en moins nombreuses autour de lui. A mesure que les Salamanders reculaient, le terrain qui l’entourait ressemblait de plus en plus à un no man’s land. Il était incapable de focaliser son esprit sur quoi que ce soit. Tant de Merveilles ! Comment avait-il put être aussi aveugle ?! Il était entouré de trésors divins, de preuves vivantes que ce que les ignorants osaient appeler des reliques illusoires étaient bien réelles. Tout comme le crâne mécanisé représenté sur ses robes, les êtres qui l’entouraient avaient un visage lui renvoyant une image trahissant leur mépris pour la mortalité de la chair, ce qui le plongeait dans une transe religieuse extatique. Il n’avait pas peur. Il émettait des signaux binaires, quantiques, hertziens, de toutes les façons possibles et imaginables, afin de leur signaler qu’il n’était qu’une humble larve au service du Véritable Dieu-Machine enfin retrouvé. Cela fonctionnait : il était encerclé, et personne ne faisait mine de lui tirer dessus. Jusqu’à ce que parvienne à lui un être de perfection. Monté sur un corps lévitant au-dessus du sol, massif et magnifique, il se présenta devant lui, et d’une lueur verdâtre, le toisait de sa divine supériorité. Il tenait sans effort dans sa main une de ces terribles lances à la puissance surnaturelle capable d’éventrer un Land Raider. L’or en bordure de ses arrêtes était un symbole de son autorité absolue. Il se mit à léviter plus bas, se mettant à sa hauteur, comme pour le juger.
L’adepte exultait, fasciné, transcendé, se sentant déjà comme le prophète d’une révélation propre à révolutionner Mars en son entier, lui, si jeune ! Ne pouvant contenir sa joie, il dit de sa voix artificielle, de façon haute et claire : « Le Dieu-Machine existe ! »
« Oui ». La réponse ne s’était pas fait attendre plus d’un milliardième de seconde. L’être touché par la grâce qui le toisait d’un compréhensible mépris s’était exprimé en haut-gothique, ce qui n’avait rien d’étonnant. Un tel langage était si basique, il avait dû se l’approprier en quelques battements de cœur. Mais ces considérations n’avaient pas d’importance. Il lui avait répondu !
Son corps n’eut même pas le temps d’appréhender ce qui lui arrivait lorsqu’il fut fauché, son existence interrompue en un instant. Les guerriers nécrons autour de lui reprirent leur marche en direction des vivants, sans se soucier de cet être qui avait été fendu en deux par leur seigneur.
Sur son corps de destroyer lévitant en un gracieux sur-place, des runes ressemblant à des circuits imprimés palpitaient, et dans son regard froid et artificiel se devinait un désir de violence inexpugnable. Laissant la carcasse de la grossière fusion de chair et de métal, le seigneur destroyer parla à voix haute, ne s’adressant à personne en particulier. Il avait dit « Et il est affamé. »