Le serviteur lobotomisé pansait les côtes abîmées qui se présentaient devant lui avec un savoir-faire mécanique et totalement dénué de sens du détail. Il aurait aussi bien pu passer les bandages imbibés de solutions antidouleur sur un mannequin en plastique, sans même avoir conscience de la différence. L'absence de précision de ses gestes faisait pousser à son patient quelques râles de douleur contenus, étrangement ponctués de petits rires à peine audibles.
Azador s'estimait chanceux : être projeté de la sorte aurait pu lui valoir de bien plus graves blessures ; il ne faisait aucun doute que le fils de Russ s'était retenu, ce qui en disait long sur sa personnalité. En somme, le test avait été douloureux mais concluant.
Alors que ses côtes se faisaient peu à peu recouvrir par les bandages, une sensation de froid apaisante commençait à envahir la partie supérieure de son corps, de la taille jusqu'en dessous des bras. La réaction chimique des analgésique sur sa peau était presque immédiate, et n'altérait en rien son esprit, il profitait donc de son immobilité forcée pour relire une énième fois les données qu'on lui avait confié sur l'escouade qu'il allait accompagner.
Les "joyeux malades" comme il aimait à les surnommer, uniquement lorsqu'il était parfaitement seul.
La tablette de données faisait défiler devant ses yeux des lignes d'informations codées et hiérarchisées en même temps que des plans holographiques de chacun des Space Marines en action, avant leur recrutement au sein de la Deathwatch. Il connaissait toutes ces informations par cœur depuis des mois, et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de le relire, et de le relire encore, comme si quelque chose lui avait échappé.
Wulfric. Capitaine. Le plus facile à cerner de tous, précisément parce qu'il ne cachait rien de sa personnalité. D'un tempérament franc et pour ainsi dire "entier", il savait faire preuve de plus de subtilité qu'on ne pouvait le penser au premier abord. Pour son plus grand malheur, Azador avait décidé qu'il l'aimait bien.
Sandro des Blood Angels était déjà bien plus énigmatique. Issu d'un chapitre cérémonieux et porté sur des rituels aussi secrets qu'immuables, ce membre de l'Astartes était d'un naturel très inhabituel pour quiconque connaissait les enfants de Sanguinius. Résolument positif en toute chose, d'un calme olympien et avec une personnalité marquée par un positivisme étrange, il se disait que son chapitre l'avait envoyé auprès de la Deathwatch dans l'unique but de lui inculquer un sens du sérieux qui lui faisait défaut. Information impossible à vérifier, bien entendu, mais qui laissait Azador perplexe. D'apparence facile à cerner, le Space Marine donnait à l'interrogateur l'impression qu'il était peut-être celui qui avait le plus de choses à cacher...
Bien plus classique : Ambrosius des Black Templars était l'incarnation-même de la recrue idéale pour l'Inquisition dans sa lutte contre les xenos. Loyal à l'extrême, parlant peu et agissant vite, il s'était hissé parmi les meilleurs au sein de son chapitre en obéissant aveuglément aux ordres de ses supérieurs, les surprenant par une capacité singulière à accomplir seul ce qui aurait parfois nécessité une escouade au grand complet. Il avait été envoyé au sein de la Deathwatch car il était un élément d'exception, honoré d'être sélectionné pour cette affectation glorieuse. Azador était parvenu à soutirer au chapelain s'occupant d'Ambrosius une toute petite information, sans doute révélatrice. "Nous espérons que rencontrer des frères d'autres chapitres élargira sa vision des choses. Il n'y a rien à ajouter." Azador tendait à avoir une opinion différente de cette dernière affirmation, mais il s'était bien gardé de le préciser.
Eriksson des Carcharodon en revanche, était une énigme insondable, comme le grand vide spatial dont sa flotte était revenu. L'Inquisition accordait une importance toute particulière à ce chapitre, et Azador savait sans qu'il ait été utile de lui préciser qu'une attention spéciale devrait être portée au représentant de ce chapitre. Décrit comme excessivement violent, agressif à l'extrême, le passé trouble de ce chapitre et sa sanglante distinction durant la guerre de Badab lui avait valu des "récompenses" toutes particulières. Le fait d'avoir eu le droit de s'emparer d'une génération entière de recrues des Mantis Warriors pour renouveler leurs effectifs, sans parler de plusieurs de leurs mondes, n'était pas de nature à aider les relations internes de l'escouade.
Cette réflexion amena Azador à regarder les informations consacrées à Tenaka. Depuis leur récente "trahison" lors de la guerre de Badab, ils avaient été accusés, puis condamnés à une croisade expiatrice d'une centaine d'années, avant d'être déclarés blanchis de tout péché par les autorités Inquisitoriales. Ce pardon avait été obtenu après leur défense héroïque du monde de Herodian IV contre une flotte-ruche meurtrière. Bien qu'ayant prouvé leur allégeance, leur bonne foi, et leur valeur au combat, le fait d'avoir perdu leurs mondes passés sous allégeance des Carcharodon constituait et constituerait sans doute éternellement un sujet de discorde et de rancœur au sein des deux chapitres. Tenaka avait été l'une premières nouvelles recrues que les Mantis Warriors avaient été autorisés à former pour renouveler leurs effectifs après cette croisade expiatrice, et ses états de services parlaient pour lui. Il était probable que son chapitre espère le voir revenir prêt à monter en grade. Son seul réel problème était sa façon si particulière de réinterpréter les doctrines de combat de son chapitre. Contrairement à ses frères, maîtres de l'attaque surprise suivie d'un retrait, et de la volonté de blesser l'ennemi mortellement avant de lui porter le coup de grâce, le jeune Mantis Warrior privilégiait la mort par un coup isolé et parfait. Une munition perforante améliorée pour un tir unique était sa tactique favorite, et si elle devait échouer, il se jetait alors sur sa cible avec une haine sauvage digne des descendants du Khan.
Azador n'attendait pas avec impatience le jour où les relations entre lui et Eriksson dégénèreraient.
En fait de conflits, deux autres risquaient de poser problèmes...
Gregor et Quintus, sans aucun doute, finiraient par entrer dans une rivalité malsaine.
Le premier, membre des Hammer of Dorn, était comme tous ses frères un fervent défenseur des préceptes du codex Astartes, allant jusqu'à clamer que seul les fils de Dorn étaient capables d'intégrer et appliquer lesdits préceptes de façon pleine et entière. La vénération absolue portée à leur primarque posait également problème... Ils semblaient prendre plaisir à prendre les Ultramarines en défaut, à pointer du doigt leur plus petit échec, et à mettre en avant le fait que leurs propres critères d'excellence étaient plus élevés que ceux des fils de Guilliman. De ce qu'Azador pouvait juger, les états de service de Gregor relevaient de l'exceptionnel au sein même de son chapitre, ce qui en disait long. Rien n'avait été fait pour encourager l'humilité chez ce Space Marine, et il était probable qu'il était trop tard pour changer ce trait de caractère. Il ne faisait aucun doute qu'il avait été placé sous les ordres de Wulfric pour tempérer son esprit ; on pouvait craindre que cela ne ferait que pousser les choses à dégénérer à un moment ou à un autre.
De son côté, Quintus Galva des Ultramarines semblait posséder un caractère bien particulier lui aussi. Étrangement proche de Ryanor, l'un des derniers de la liste, il parlait peu et semblait exécuter les ordres de très mauvaise grâce. Azador ne put s'empêcher de se demander quel genre d'imbécile avait bien pu le placer sous les ordres d'un Space Wolf... Chose intéressante, il remarqua qu'il était le seul à considérer que se trouver ici était une forme de... punition ? La Deathwatch était censée être un moment parmi les plus durs dans l'existence entière d'un ange de l'Empereur, pour ceux qui y étaient envoyés, et c'était précisément ce qui faisait de cela un honneur immense. Seuls les meilleurs parmi les meilleurs étaient sélectionnés. De deux choses l'une, ou cet Ultramarine était d'une modestie lui cachant ses propres mérites, ou il méprisait si ouvertement cette organisation qu'il ne le cachait même pas. C'était plausible, songea Azador. Son chapitre avait annihilé une flotte-ruche entière. Même au prix de très lourds sacrifices, cela pouvait rendre arrogant...
Cela laissait Ryanor des Raptors, descendants de la Raven Guard, et Nolt des Sons of Medusa, issus des Iron Hands.
Ryanor était un maître de l'attaque chirurgicale, appréciant la simple tactique consistant à décapiter le serpent pour se défaire du reste plus rapidement. Son affection toute particulière pour l'utilisation massive de grenades sur les chefs ennemis, ainsi que sa musculature hors du commun même pour des standards Marines l'avaient amenés à être sélectionnés très rapidement pour entrer dans la Deathwatch. Il avait, entre autre, réussi l'exploit de gérer deux armes lourdes en même temps lors d'un conflit contre la race des Orks. Activant un bolter-lourd monté sur pivot pour décimer les vagues de peaux-vertes faiblement protégées se ruant sur lui, et s'emparant par intermittence d'un canon-laser laissé par un des frères tombés au combat, il était parvenu à tenir seul une position qui aurait nécessité une escouade devastator au grand complet. Quand on l'avait retrouvé, grièvement blessé et presque mort d'épuisement, il était encerclé par plusieurs dizaines de cadavres, et pas moins de trois abominations que les Orks appelaient "Boit'kitu". Il aurait alors déclaré, à moitié délirant, "Mettez moi dans l'une des escouades d'assaut la prochaine fois. Je serais bien plus efficace..."
Cela ne laissait que Nolt.
Son chapitre particulier était lui aussi une énigme pour Azador, et ce par son organisation spécifique. Refusant la notion de faiblesse sous toutes ses formes tant pour eux que pour les autres, ces survivants du Schisme de Moirae préféraient de très loin traquer les hérétiques plutôt que les xenos. Nolt était un fils de Ferrus Manus, dans la plus pure tradition à laquelle la galaxie était habituée les concernant. Lourdement mécanisés, grands adeptes des bioniques et utilisateurs permanents des cogitators pour organiser leurs tactiques, ils n'accordaient que très rarement un de leurs frères à l'Ordo Xenos. Azador ne savait que penser de lui : après de nombreuses séances d'interrogation discrètes et menées subtilement auprès de ses frères, la phrase la plus complète qu'il était parvenu à retranscrire venant de Nolt était : "Plus vite bande de..."
Jetant sa tablette de données sur sa couchette, il soupira doucement. Cette équipe aurait difficilement pu être plus mal assortie pour le travail mené en bonne intelligence.
Sortant de ses quartiers, il senti très légèrement l'influence du Warp se faire plus forte autour de lui. Les voyages dans cette damnée dimension ne seraient jamais autre chose pour lui qu'un mal nécessaire. Sans l'émetteur de champ de négation, relique rarissime dont il avait hérité une décennie auparavant pour l'excellence de ses états de services, il souffrait sans cesse de terribles cauchemars lors de ses voyages Warp. Être un psyker présentait ses avantages dans bon nombre de situations. Pour lui, cela n'avait jamais été qu'une plaie dont il pouvait user.
Déambulant dans les couloirs en constatant que la douleur de ses côtes s'estompait, il se dirigea doucement vers la salle contenant les cages d'entrainement des Space Marines. Il en avait déjà vu plusieurs s'entrainer à de nombreuses reprises au cours de ses missions, mais observer ces méthodes de combat propres au défenseurs surhumains de l'Imperium le fascinait toujours autant. Il se sentait comme un passionné de mécanique observant les corps comme des rouages, des morceaux de métal bien agencés dont il aurait pu user comme un technaugure use de ses outils.
Seuls trois d'entre eux étaient présents.
Wulfric, muni de sa large hache énergétique, menait la vie dure à Gregor ; le Hammer of Dorn ne cessait de reculer, semblant enrager un peu plus à chaque pas en arrière.
De son côté, seul dans une cage d'entrainement avec un serviteur automatisé, Ryanor semblait s'appliquer à ne faire que bloquer les coups qui lui étaient portés, sans jamais répliquer.
Azador l'observa un long moment, fasciné par sa capacité à anticiper des coups portés de façon volontairement aléatoire pour ne pas être trop prévisibles. La machine aurait pu être démembrée petit à petit au fur et à mesure qu'elle laissait de petites ouvertures dans son schéma d'attaque ; et Ryanor ne répliquait pas.
- Il est étrange de s'entrainer de la sorte, ne trouvez-vous pas ?
Azador n'avait pas été surpris un instant. Il avait repéré l'arrivée de Sandro depuis une bonne dizaine de secondes.
- Pas si étrange que cela, répliqua l'interrogateur en souriant, sans détourner son regard de la cage d'entrainement. Disons que cette façon de faire présente sa part d'avantages et d'inconvénients.
- Êtes-vous toujours aussi neutre en toutes choses, interrogateur ?
- Uniquement quand j'ignore quelle sera la réaction de mon interlocuteur, dit-il en souriant de plus belle, levant la tête vers le Blood Angel.
Azador le cacha parfaitement, mais il ne put s'empêcher de sentir une tension certaine face à la proximité du fils de Sanguinius. Sa tête arrivait tout juste à hauteur de son plexus, et il n'était même pas en armure.
L'interrogateur reporta son attention sur le combat opposant le Hammer of Dorn au Space Wolf. Le duel était superbement inégal, les mouvements du fils de Russ trahissant une aisance, une grâce guerrière se mêlant à la perfection à la sauvagerie de sa force brute. De son côté, le fils de Dorn s'efforçait en permanence de bouger selon des schémas prédéfinis, tentant de calculer ses mouvements comme il aurait calculé une partie de régicide à la vitesse de l'éclair. Cette stratégie aurait pu fonctionner face à un ennemi désorganisé ou particulièrement gauche ; peut-être aussi face à un être dépourvu de sens tactique.
Face à Wulfric, c'était perdre le duel avant même qu'il ne commence.
Celui-ci, rapide au delà de toute mesure, le poussait en permanence dans les extrémités de la cage, l'empêchant de bouger selon son désir, gênant tous ses mouvements, le contraignant à une défense permanente ou à des attaques maladroites dont il prévoyait chaque coup.
- Mais par le Père de Tous ! Relèves moi cette foutue garde ! rugit le Space Wolf comme s'il était le plus contrarié des deux.
Poussant un cri de rage, Gregor se rua en avant au mépris de tout ce qu'il avait fait précédemment, ce qui faillit surprendre le capitaine. Celui-ci fut bousculé par un coup d'épaule qui ne suffit pas à le déstabiliser, et il répliqua en portant un coup fracassant directement sur la tête nue de son opposant qui partit s'écraser au sol.
- Que diriez-vous de votre capitaine, Sandro ? Je peux vous appeler Sandro, n'est-ce pas ?
- Vous venez de le faire, répondit le Blood Angel sans donner la moindre indication sur le fait que cela l'ait ou non contrarié. Que voulez vous savoir ?
- Tout ce que vous voudrez bien me dire, je suppose.
- Et bien vous savez déjà que le prendre en défaut deux fois dans le même quart d'heure ne lui plait guère, dit-il en souriant d'un air passablement amusé.
- J'admets volontiers mes erreurs, et celle-ci en était une, dit doucement Azador en faisant mine de se masser les côtes. Ma fonction implique souvent des actions que d'aucun jugeraient comme "stupides", mais je puis vous promettre qu'il ne faut pas y voir malice...
Sandro se tut et baissa lentement son regard vers l'interrogateur.
Le Blood Angel se targuait de savoir juger les gens aisément, menteurs professionnels compris. Rarement dans sa vie de serviteur de l'Empereur il avait eu à regretter un mauvais choix en la matière. Il avait pour ainsi dire un "don", et face à l'interrogateur, celui-ci semblait comme entré en sommeil. Ses traits parfaits et angéliques encadrés par ses cheveux semblant faits d'or pur furent froncés par le début d'une grimace, ou tout du moins d'un air trahissant une forme d'interrogation, et d'incrédulité.
- Vous vous êtes rendus dans les quartiers d'un capitaine sans être repéré avant de vous montrer et vous avez fait remarquer au capitaine en question que le vaisseau était déjà en mouvement sans qu'il ne s'en rende compte. Vous dites que je ne suis pas censé "voir de malice" dans ce comportement, interrogateur ?
- Wulfric est le commandant de cette mission, répondit Azador en prenant un air misérable et sincèrement désolé. Évaluer ses réactions est un passage obligé pour la personne devant relayer les instructions. Les capacités dont l'Empereur m'a fait don doivent être utilisées pour servir au mieux tous les aspects de mes missions. Cela ne réjouit personne, mais au final nous sommes et restons dans le même camp. Je vous prie de ne pas m'en vouloir pour cela.
Sandro se détourna pleinement du duel, et la vivacité de ses gestes trahissaient un malaise certain, comme s'il ne savait quoi penser.
- J'entends ce que vous dites, et je n'en arrive qu'à deux conclusions, dit froidement le Blood Angel. Où vous êtes d'une innocence crasse, ou vous êtes un manipulateur de première classe.
Azador semblait sur le point d'éclater de rire. Se tournant vers la cage d'entrainement dans laquelle Ryanor bloquait les coups avec une précision millimétrique, il dit à voix basse, mais suffisamment fort pour que Sandro l'entende :
- Je suis interrogateur au service de l'Inquisition. Laquelle de ces conclusion vous parait-elle la plus probable ?
Il y eu un bruit fracassant suivi d'une grande gerbe d'étincelles. Ryanor avait porté le premier et unique coup de son entrainement, plantant son épée au cœur du système d'alimentation de la machine, la réduisant au silence en un seul coup. Ce point vulnérable était généralement considéré comme impossible à atteindre quand la machine tournait à ce niveau de vitesse, car il n'était découvert qu'un cent-dix-septième de seconde. Il fallait connaître le mouvement de la machine avant même que celui-ci n'ait eu lieu pour seulement espérer le voir. Ryanor n'avait pas hésité, et en bon fils de Corax, il avait frappé droit au but.
Sandro voulu reporter son attention sur l'interrogateur, et constata que celui-ci n'était plus dans la salle. Il n'avait détourné son attention qu'une paire de secondes.
Le Blood Angel ne se donna même pas la peine de chercher l'interrogateur du regard, et ne put réprimer un sourire que n'importe qui aurait décrit comme "horrible" et "carnassier".
"
Au moins ils ne nous ont pas envoyé n'importe-qui." songea-t-il avec une forme de satisfaction, regardant Gregor se relever une nouvelle fois. Il avait dans l’œil une fureur glaciale confinant à la haine pure, et Wulfric avait de son côté l'air dépité. Prenant une pose de combat avec sa hache énergétique, le Space Wolf sembla sur le point de parler mais n'en eut pas le temps. Crachant une bonne quantité de sang gluant mêlé de salive, le Hammer of Dorn le devança, disant :
- Je sais. Ma garde...
Wulfric sourit d'un air mauvais.
- Ça commence à rentrer, hein ? Aller, viens mon louveteau !
***
Le voyage suivi son cours sans qu'aucun évènement notable ait lieu. les membres de l'équipe étaient restés dans leurs quartiers à entretenir leur équipement, ou étaient allé éprouver leurs capacités dans les salles d'entrainement. Aucun d'entre eux, Wulfric compris, n'avait reçu la moindre instruction quant à la suite de leur action contre la flotte-ruche. Tout ce qu'ils savaient était qu'ils s'éloignaient du cœur des combats, et aucun n'aimait cela.
Eriksson en particulier semblait plus irascible qu'à l'accoutumée, pour peu que cela fut possible. Plusieurs serviteurs lobotomisés n'avaient pas survécu à son passage.
Lorsqu'ils quittèrent l'espace Warp, Azador fut le seul à ne pas être surpris.
Leur vaisseau, arrêté à quelques centaines de milliers de kilomètres d'une planète semblant aussi morte qu'un vulgaire astéroïde, était passé en état d'alerte maximal, comme s'il avait été attaqué, et pourtant, aucune alarme n'avait été déclenchée.
Wulfric s'était rué dans les quartiers d'Azador, furieux, et celui-ci lui avait alors adressé un message immédiat depuis le pont du vaisseau où il se trouvait, le priant de le rejoindre. Une fois de plus pris en défaut, le capitaine Space Wolf commençait à avoir la certitude qu'il finirait par tuer cet homme.
Arrivant sur la passerelle principale, Wulfric remarqua pour la première fois que l'interrogateur n'avait pas cet air perpétuellement amusé auquel il habituait son entourage. Cela le troubla assez pour qu'il lui vole l'initiative de la parole.
- Nous voici sur Gemelis IV, capitaine Wulfric, commença-t-il simplement. Et à présent que nous sommes arrivés, le briefing peut commencer sans plus attendre. Permettez moi d'anticiper votre première question : c'est bien pour nous occuper de la menace Tyranide que nous sommes là. Mais avant toute chose, dites moi ce que vous savez de "ça", voulez-vous ?
Il avait doucement fait glisser une tablette de données d'apparence banale sur la table holographique du pont de commandement. Sans la prendre, Wulfric vit ce que la première série d'images montrait et eut l'impression que des mains étrangères lui retournaient l'estomac depuis l'intérieur de son ventre.
En bon serviteur de la Deathwatch, il connaissait toute l'étendue de cette menace, mais jamais il n'avait eu l'occasion de l'affronter directement.
"S'occuper de la menace Tyranide" ; c'était ce qu'il avait dit.
Alors pourquoi les avait-il amenés au cœur d'un système Nécron ?!